Ce que j’ai appris en Afrique ou pourquoi il faut voyager, à tout prix !

Canoe in Guet Ndar-Saint Louis du Senegal

« Les hommes sont malheureux parce qu’ils ne réalisent pas les rêves qu’ils ont. » ~ Jacques Brel

En décembre 2014, je suis partie en Afrique. C’était mon rêve depuis déjà quelque temps et après une longue réflexion, presque au dernier moment, je me suis décidée à faire un stage de sabar, une danse sénégalaise, avec ma professeur de danse Yama Reine de Sabar.

J’en suis ravie et extrêmement reconnaissante. Ce fut mon premier voyage en Afrique noire. Avant, j’avais quitté l’Europe une fois seulement : pour aller en Tunisie. C’était un voyage enrichissant mais touristique et il ne m’a pas vraiment permis de découvrir la vie quotidienne des autochtones.

Je suis attirée par l’Afrique : sa culture, surtout la danse et la musique, depuis l’année 2007. Ce continent m’appelait, sans que je puisse en préciser les raisons. Mon voyage de 15 jours, à Dakar et en Casamance, m’a aidé à saisir ce que je pressentais auparavant, sans pour autant pouvoir le nommer. Voici quelques découvertes précieuses faites suite à ce périple dépaysant et libérateur.

La peur et la curiosité : un réel combat !

« La curiosité est un trait de caractère du reporter. Il y a des gens que le monde n’intéresse pas du tout. Ils considèrent leur univers comme le centre de la Terre. C’est une vision comme une autre. Confucius dit bien que la meilleure façon de connaître le monde consiste à ne pas sortir de chez soi. Il y a une part de vérité dans ce postulat. Il ne faut pas nécessairement voyager dans l’espace.. On peut voyager à l’intérieur de son âme. Le voyage est un concept extensible et varié. Il existe toutefois des gens qui ont besoin de connaître le monde dans sa diversité ; cela fait partie de leur nature. Ces gens sont peu nombreux. » ~ « Autoportrait d’un reporter », Ryszard Kapuscinski

Avant de partir, j’ai hésité, je me suis posé des dizaines de questions, j’ai consulté un certain nombre de personnes, je me suis renseigné sur internet. Si je ne connais pas quelque chose, ça me fait automatiquement très peur au point de me freiner dans mon élan. Me renseigner m’a aidée donc c’est toujours une bonne chose à faire mais souvent j’exagère largement les difficultés potentielles à venir. J’ai honte de l’admettre : j’avais peur de tomber malade, me faire agresser toutes les 5 minutes si je me baladais seule dans la rue, me faire voler mon argent, mes lunettes, mon appareil photo. Je craignais le palud et plein d’autres maladies dont la description détaillée vous sera épargnée, surtout le fameux virus Ebola. Finalement, la curiosité et le goût de l’aventure étaient plus forts que la peur. Je suis partie et… j’ai eu juste une courte réaction allergique de la peau à la chaleur qui a disparu au bout de quelques jours et j’ai ressenti une légère indigestion pendant à peine une journée. Je ne me suis même pas fait piquer par les moustiques ; lors de mes courtes balades en journée, en solitaire, j’ai eu le droit à quelques commentaires plutôt agréables ; enfin, j’ai vite appris à m’écouter et à doser la nourriture locale (délicieuse et très épicée !) selon mes capacités digestives. J’espère qu’une prochaine fois je garderai la tête sur mes épaules sans me la couper complétement par des angoisses excessives. 😀

Le ressenti

Trust Your Own Instincts Concept

« Les continents se réfèrent à des valeurs différentes : la pensée en Europe, la parole dans le monde Arabe, le geste en Inde, le signe en Chine et au Japon, le rythme en Afrique. » ~ Anonyme

Depuis quelques années, j’apprends à nouer un lien plus fort avec mon ressenti, à capter les signaux qui ne viennent pas de l’intellect mais plutôt du corps. J’essaye d’écouter mon cœur et mes émotions ; de faire confiance un peu plus à mon côté irrationnel et de lâcher de trop nombreuses explications logiques. Même si j’ai fait beaucoup de progrès, il me reste encore beaucoup à apprendre. L’une des manières d’apprivoiser la sagesse de l’instinct est la danse, d’où l’idée de partir au Sénégal afin d’apprendre le sabar. J’ai à peine commencé à ressentir le rythme à la fin de mon séjour ! 🙂 Mais quelle satisfaction quand on y va, malgré les doutes, quand les pas font sens avec la musique et quand le dialogue entre le danseur et les musiciens se créé, petit à petit ! Au Sénégal, les personnes que j’ai rencontrées venaient d’un quartier populaire de Dakar. C’était un milieu artistique plein de musiciens et de danseurs. Ils étaient particulièrement créatifs, instinctifs et ouverts au ressenti mais un ami m’a dit que tout le Sénégal respire le sabar, la musique et le rythme. Cela fait partie de la culture et même si tout le monde ne sait pas danser, le côté irrationnel, instinctif est beaucoup plus développé au sein de la population sénégalaise qu’en Occident. Nous, les occidentaux parfois arrogants, les grosses-têtes (je suis la première à le penser, je suis trilingue donc je devrais avoir une attestation prouvant mes capacités intellectuelles hors pair !), sommes des êtres cérébraux et rationnels. L’intellect et la logique sont nos capacités fortes dont nous pouvons être fiers, néanmoins, nous gagnerons en efficacité et en sérénité, si nous laissons notre intuition, notre cerveau droit, notre imagination et notre ressenti nous parler un peu plus fort. De la même manière les Africains pourraient développer leur côté rationnel un peu plus ce qui leur permettra de mieux structurer leurs projets. En bref, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres ! Mon objectif est de continuer à ouvrir mes capteurs au ressenti et aux émotions et cela via le travail avec le corps – danse, massage, etc. C’est une sagesse inouïe qui est à notre portée, si seulement nous avons l’envie et le courage d’y prêter attention.

On est ensemble

endless love

« La culture africaine est une culture de l’échange. Si on me donne quelque chose, je dois le rendre. C’est un devoir, engageant ma fierté, mon honneur, ma qualité d’homme. C’est dans l’échange que les relations humaines prennent leur forme la plus noble. » ~ « Ebène – Aventures africaines », Ryszard Kapuscinski

Ce que j’ai le plus adoré au Sénégal et très probablement tous les pays d’Afrique sont concernés, c’est la force de la communauté. Le Sénégal est un pays plus pauvre de point de vue matériel que la France ; par contre, sa richesse humaine est impressionnante ! C’est d’ailleurs difficile de passer un moment en solitaire mais c’est possible, surtout tôt le matin quand tout le monde dort 🙂 ; j’ai vécu dans le quartier populaire de Dakar, Gueule Tapée où tout le monde se connaissait ; j’avais du mal à retenir les prénoms de toutes les personnes qui passaient par l’appartement où on se retrouvait pour discuter ou manger. Les Sénégalais, au contraire, retenaient facilement les prénoms du premier coup. J’étais stupéfaite ; cela démontre leur hiérarchie de valeurs : beaucoup plus centrée sur l’humain que sur le business ou l’argent. De plus, ils sont très ouverts et généreux dans la relation, aussi bien dans leur écoute que dans le contact physique : les accolades, les serrements de mains, les bisous, les sourires ; le langage corporel est assuré, ouvert et accueillant, tout le contraire de ce qu’on voit dans le métro parisien ! Ils se soutiennent entre eux, ils se taquinent, il y a des réelles sympathies et des animosités mais surtout il y a beaucoup de respect, de la présence et d’attention portée vers l’autre et soi-même, si importants dans le contact. J’ai profondément aimé la vision de l’homme en tant qu’un élément faisant partie d’un système beaucoup plus large, un réseau familial qui n’a rien avoir avec la famille nucléaire, si répandue en Occident. C’est une communauté fière, soudée et solidaire à la fois moralement et financièrement. S’il y a un évènement important tel qu’un mariage ou un baptême, tout le monde est bienvenu : il y a à manger et à boire pour 3 jours pour tous les invités ! Le « froid » occidental (non, je ne parle pas de l’hiver !) ne me correspond plus. Même si je tiens à ma liberté, le séjour en Afrique m’a fait comprendre que les relations comptent le plus au monde et que nous sommes tous dépendants les uns des autres, nous sommes tous connectés. Ma professeur de danse Yama m‘a même dit une fois : « tu ne peux même pas te faire enterrer toute seule, même pendant tes derniers instants sur terre tu as besoin des autres ». En effet, sans mes parents, sans mes ancêtres, je ne serais pas là ; tout ce que j’ai appris dans ma vie, je l’ai appris grâce aux autres. Imaginez-vous sur une île paradisiaque, mais déserte, quel malheur ! Tout est relation, tout est communication, avec les autres et avec soi-même. C’est la communauté qui nous fait avancer, qui nous donne de l’amour et qui le reçoit. Trouver et accepter sa place dans ce vaste système de connexions (de plus en plus global !) est primordial. Nous sommes liés et comme disent les Africains : « on est ensemble », à savoir ce que nous construisons ensemble est beaucoup plus grand et a plus de valeur qu’une simple somme de toutes les contributions individuelles. En bref, si tout le monde s’implique, un puissant effet de synergie s’instaure. Sans discuter de la réalité physique ou non des expériences de mort imminente, les personnes qui l’ont vécue, ont changé complètement leur vision des choses ; leur constat est souvent le même : ce qui compte, c’est l’amour qu’on donne et qu’on reçoit ; être empathique, généreux et bienveillant envers l’autre.

 Un nouveau regard sur mon environnement

African fabrics from Ghana, West Africa

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » ~ Marcel Proust

Le voyage était dépaysant, intense et riche en découvertes, en prises de conscience et en émotions. Cela m’a permis de faire un état des lieux de ma vie parisienne. Je ne voulais pas rentrer, je voulais rester encore un peu plus longtemps au Sénégal, je fantasmais : je rate mon vol ou une grève des pilotes m’oblige à prolonger mon séjour. Dans le taxi qui m’emmenait à l’aéroport, l’émotion était forte : les larmes coulaient, coulaient, coulaient… Le chauffeur n’a rien compris mais nous avons réussi à discuter un peu à la fin du trajet. 🙂 Cette distance géographique m’a sorti de mon train-train quotidien et j’ai senti à quel point j’avais besoin de changement. Je ressens une énergie forte et j’ai peur de faire des erreurs mais si je ne bouge pas, je le regretterai. De plus, j’ai besoin de raconter de belles histoires à mes futurs petits-enfants, j’ai envie de leur transmettre des vrais récits remplis de grâce, de courage, d’aventure et d’amour. 🙂 Le moment est venu et la décision est prise. J’ai peur (comme vous pouvez le voir, j’ai peur de plein de choses, je me fais peur moi-même, pire que mon chat.. !) d’oublier ce que j’ai appris et ce que j’ai ressenti au Sénégal, de reprendre, comme si de rien n’était, les bonnes vieilles habitudes, de mettre le train à nouveau sur les rails (oui, l’Afrique fait dérailler !). Mais je me fais de plus en plus confiance et je sens que la vie est de mon côté ! Également, au fond de moi je sais que cette expérience restera pour toujours dans mon cœur et va m’aider à y voir plus clair. En bref, une légère réorganisation de mes priorités s’opère et je ressens un besoin de liberté et de connexions tellement fort que rien ne m’arrêtera, sauf, peut-être moi-même.

Meilleure connaissance de soi

Transport in Africa 

« Si on tombe sur un bitume de bonne qualité, le trajet peut être parcouru en une heure. Si on a affaire à une route abandonnée et impraticable, il faudra un jour de voyage, voire deux ou même trois pendant la saison des pluies. C’est pourquoi en Afrique, on ne dit pas : ‘c’est à combien de kilomètres?’ Mais plutôt : ‘il faut combien de temps?’ En regardant machinalement le ciel. » ~ « Ebène – Aventures africaines », Ryszard Kapuscinski

 La distance géographique et émotionnelle offre un nouveau regard permettant de mieux se connaître. Me retrouver dans un nouveau contexte m’a fait découvrir de nouvelles choses sur moi-même. En Afrique de l’Ouest, j’étais souvent « à l’ouest ». Je me suis « perdue » de nombreuses fois, je ne savais pas quoi penser ou comment me comporter. De plus, j’ai aussi fait l’expérience très salutaire de sortir de mon confort : prendre une douche tiède tous les jours (quand j’ai pris une douche avec un seau d’eau chaude, ce fut un long moment de pur bonheur luxueux !), passer 30 heures dans un car, y compris quelques heures sous le soleil pétant et presque m’évanouir, dormir sur les valises, sur le toit d’un bus, me rendre compte que même si j’ai fait un marathon, je ne suis pas aussi forte que ce je pensais car les enfants avaient plus de patience lors du trajet en bus Dakar-Casamance que moi. En effet, inspirée par Christine Lewicki, je porte haut et fort la bonne parole: « Ensemble, arrêtons de râler et célébrons la vie dès maintenant ! ». Néanmoins, moi-même, dès que je suis fatiguée, quand j’ai chaud et quand je suis au bout de mes limites physiques ou émotionnelles, je râle, je fais la tête et je deviens insupportable : je me comporte en petite fille perdue et capricieuse. En bref, les bonnes paroles et les belles aspirations s’envolent. Cette expérience m’a appris l’humilité.. 🙂

Par ailleurs, notre bus était beaucoup plus confortable que celui que vous voyez sur l’image. 🙂

Reconnaissance

Gracias (thank you in Spanish) with two red wooden hearts

« La structure de l’humanité est marquée par le sceau de l’inégalité. A l’heure actuelle, nous n’avons pas les moyens – et nous ne sommes pas près de les avoir – de vaincre cette inégalité. Même si personne ne le reconnaît, les hommes ne croient pas que chacun pourrait avoir un niveau de vie relativement convenable. Notre expérience historique montre que seule une partie de l’humanité peut vivre convenablement. Par conséquent, nous savons que nous entrons dans le XXIe siècle avec l’injustice. Et j’estime que celui qui voyage et voit les deux côtés de la médaille a le devoir d’écrire à ce sujet. » ~ « Autoportrait d’un reporter », Ryszard Kapuscinski

Au Sénégal, j’ai vécu la même chose que quand j’ai quitté ma Pologne natale pour m’installer en France en septembre 2007. Après une phase de « bisounours » où tout me paraissait extraordinairement beau (surtout les gens dans la rue, essentiellement les hommes entre 20 et 30 ans..), j’ai ressenti une nostalgie envers ma ville, mes amis, ma famille, la nourriture locale, le fait de pouvoir communiquer sans efforts (et sans accent !) dans ma langue maternelle ; je me sentais fatiguée car le processus d’adaptation n’a pas été fini (je crois que ce n’est jamais fini à 100%) mais je ressentais une excitation et une reconnaissance profondes pour tout ce que la France m’offrait et tout ce qu’en Pologne était inaccessible : la beauté, plus exotique et tellement diversifiée, du pays et des gens (pas uniquement des hommes !), le fait de me sentir libre et dans mon élément, une certaine douceur de vivre (y compris les températures plus agréables qu’en Pologne) et plein d’autres choses. J’ai remarqué une simple banalité mais j’étais fière et j’en suis toujours : aucun pays n’est parfait (le Sénégal non plus, hélas !), chaque environnement offre un certain nombre d’avantages et de désavantages. En France, le confort de vie est extraordinaire et je le vois plus clairement après mon court séjour en Afrique. Ce voyage m’a remis les idées en place. Les frustrations quotidiennes ont perdu de leur importance, elles me paraissent maintenant plus de l’ordre des caprices d’une fille gâtée. Ouvrir le réfrigérateur rempli de victuailles et manger un bout de baguette au fromage, prendre une douche chaude ou même pouvoir écrire cet article dans le confort de mon bureau a beaucoup plus de goût et d’intensité qu’avant. Je me répète – nous avons de la chance, en France ! J’espère que ce sentiment de reconnaissance pour toute l’infrastructure et tous les outils mis à ma disposition ne me lâchera plus. Si c’était le cas, je partirais à nouveau en Afrique pour danser, voyager, découvrir et nouer des liens localement. Enfin, ça donne envie d’aider et de partager sa richesse mais c’est un tout autre débat !

Toutes les bonnes choses ont une fin ou le retour

« Le voyage est un retour vers l’essentiel. » ~ Proverbe tibétain

Ce qui est le plus beau dans le voyage, c’est qu’il nous change. Nous déposons nos bagages, nous lâchons quelque chose derrière nous et nous nous nourrissons les yeux, le cœur et l’estomac (il a intérêt à être fort !). Nous partons, nous dépassons nos peurs, nous sortons de notre cocon pour aller à la rencontre de l’autre dans son environnement, nous nous perdons, nous sommes à l’ouest, notre regard change, nous ressentons plus, nous nous retrouvons avec nous même ce qui nous permet de voir plus clair dans notre quotidien. «  Rester serait mourir un peu » comme dit Tété dans sa belle chanson : quand nous partons, nous nous ressourçons, nous changeons de peau (mon allergie à la chaleur tout au début de mon voyage me le fait ressentir encore plus!) ; en bref, c’est une renaissance. C’est un vrai voyage initiatique donc partez, découvrez, explorez, lâchez ce qu’il faut lâcher et accrochez-vous, ça va secouer mais rassurez-vous, vous retournerez à votre port en douceur, la tête remplie de beaux souvenirs de rencontres, de goûts, de paysages, de ressentis, d’émotions, de découvertes…

Bon vent, l’aventure a commencé !   A très vite !

SabiNa Paulina

  • Qu’est-ce que vous en pensez ?
  • Avez-vous eu les expériences de voyages similaires ?
  • Comment voyez-vous l’Afrique et le Sénégal en particulier ?

Merci de vos précieux commentaires qui m’enrichissent et qui me permettent d’apprendre à mieux écrire, à partager avec plus de clarté et à apporter plus de valeur.

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Comment apprivoiser et cultiver la chance ?

Stars of Vicuna, Chile

« Il n’y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n’y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel. » ~ Dalaï Lama

Est-ce que tu te considères comme quelqu’un qui a de la veine ou plutôt quelqu’un qui est né sous une mauvaise étoile ? De quoi dépend la chance : du hasard, de l’univers, de notre humeur ?

La chance, ce facteur de réussite politiquement incorrecte, est souvent perçue comme instable, fragile, capricieuse, imprévisible et incontrôlable, en bref elle a une très mauvaise réputation, pire qu’une femme indisposée. 🙂

En effet, parfois la chance nous tombe littéralement du ciel. Quand nous sommes promus contre toute attente, même si nous n’avons rien demandé, simplement parce que le concours de circonstances favorables en veut ainsi. L’homme essaye de charmer ce type de chance depuis des siècles. Par conséquent, le marché des porte-bonheurs fleurit et les Français, malgré les avancés de la science, évitent de passer sous une échelle (40%) ou d’ouvrir un parapluie dans une pièce (33%).

Même si certains disent que le hasard n’existe pas, la pure chance sans aucune action de notre part fait bien partie de notre expérience. Cependant, certaines personnes cumulent les heureux évènements et d’autres les coups durs. Quand la chance ou la malchance est une affaire de répétition, elle sort du domaine des aléas du destin. Elle devient une compétence, une compétence qui s’apprend et qui se développe.

Comment apprendre à tirer profit des circonstances favorables plus souvent ? Richard Wiseman, Douglas Miller et Philippe Gabilliet nous en donnent les clés.

Présence

« La vie est trop courte pour qu’on soit pressé. » ~ Henry David Thoreau

Les personnes chanceuses ont une forte capacité à être ici et maintenant, afin de profiter au maximum de leurs facultés d’observation. Elles sont détendues et prêtes à accueillir tout ce qui arrive. Les malchanceux sont, à leur tour : stressés, pressés, anxieux vis-à-vis de l’avenir ou en pleine rumination par rapport à leurs difficultés passées. La disponibilité intérieure, une attitude décontractée et ouverte, maitrisée parfaitement par les praticiens de la pleine conscience, augmente notre capacité à percevoir les opportunités. En bref, être calme, prendre le temps d’apprécier ce qui se passe autour de nous, avoir les yeux et les oreilles bien ouverts est porteur de chance !

Intuition

« L’intuition est une vue du cœur dans les ténèbres. » ~ André Suarès

Les personnes fortunées prennent les bonnes décisions rapidement. Elles savent peser le pour et le contre, lister les faits et en aucun cas ne négligent pas ce que leur dit leur tête. En plus d’écouter leur intellect, elles profitent de leurs capacités intuitives. Elles utilisent tous leurs sens et prennent en compte leur ressenti. Elles se connectent à la fois à leur tête, leur corps et leur cœur, et bien sûr l’internet! 🙂

Intention forte

« La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés. » ~ Louis Pasteur

Les gens nés sous une bonne étoile sont animés par un projet, une mission ou un rêve. Ils savent ce qui leur est cher, ils ont un objectif lié à leurs valeurs et aspirations profondes. C’est grâce à cette intention forte que le monde et les circonstances deviennent porteurs de sens. En effet, notre cerveau fonctionne comme un missile à tête chercheuse : si nous rêvons d’apprendre la danse au Sénégal (c’est mon cas et c’est en cours !), nous commençons à percevoir les articles sur ce pays dans la presse, les annonces des festivals ou des stages de danse, nous rencontrons des personnes qui y sont allées ou vont le faire. Cette intention forte sculpte notre quotidien et focalise notre attention sur ce qui est important pour notre projet. Cela nous rend vigilants et par conséquent, nous sommes plus aptes à attirer la chance. C’est comme si nous avions des antennes ultra puissantes ou des lunettes avec un filtre très précis nous permettant de repérer les informations importantes, de cartographier le territoire en fonction de ce qui nous anime.

Innovation

« On roule confortablement sur l’autoroute de la vie, protégé par la ceinture de sécurité de nos certitudes et l’airbag conducteur de la routine. » ~ Dave Barry

Ceux qui ont souvent la baraka, se poussent constamment à faire des choses autrement. Ils sont attirés par la nouveauté et fuient la routine à tout prix. Ils sortent de leur zone de confort, développent leurs capacités d’explorateurs et d’aventuriers. Ils expérimentent, littéralement : ils tentent leur chance dans de nouveaux territoires géographiques, humains, de connaissance, etc. Ils ont une ouverture d’esprit détendue leur permettant d’aller vers l’inconnu avec joie et enthousiasme. En effet, si nous voulons avoir de nouveaux résultats, il faut faire des choses autrement. Selon Einstein « la folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent ». Par exemple : afin de trouver une nouvelle information, au lieu de demander auprès des mêmes personnes dans les endroits connus, allons à la chasse auprès des étrangers, dans des coins plus exotiques, nous aurons plus de chance de découvrir une pépite !

Attitude positive

« Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes. » ~ Anaïs Nin

Les collectionneurs des coups de chance sont d’éternels optimistes. Ils croient que l’univers entier, rempli de forces mystérieuses, conspire à leur avantage. Ils se fixent des objectifs ambitieux car ils savent que la réussite viendra tôt ou tard. En effet, cette attitude positive forte fonctionne comme une prophétie auto réalisatrice et met la chance de notre côté. Si nous sommes persuadés que le monde abonde en opportunités et nous souhaite le meilleur, nous allons attirer les bonnes personnes, les bonnes demandes, les bonnes informations, en bref, notre cerveau va tout faire pour confirmer cette attente. Au contraire, si nous avons une croyance négative intense : nous ne sommes pas dignes d’amour, d’abondance, de joie ou nous portons la poisse, nous allons ignorer les bons évènements ou les percevoir comme instables, improbables et insignifiants et accentuer tout ce qui nous arrive de travers. Plus nous nous sentons chanceux, plus nous le sommes. C’est notre pouvoir créateur, certains disent qu’il est sans limites dans les deux directions – positive et destructrice, je suis plus prudente mais je crois fortement que le monde ressemble à un miroir où nous voyons se refléter nos attentes, nos pensées, nos croyances. Soyons vigilants sur ce que nous nous mettons dans nos têtes et utilisons notre pouvoir créateur à bon escient !

luckRésilience

« Jette le chanceux dans la rivière, il en ressortira avec un poisson dans la bouche. » ~ Proverbe arabe

C’est le point que je chéris particulièrement. En effet, je viens de Pologne, un pays dont l’histoire regorge de souffrance qui pèse encore sur les générations actuelles, où le souvenir des camps de concentration est vivant, où l’histoire est dans l’air. Je vis en France où le sol est truffé de millions d’obus et de grenades de la première guerre mondiale, qui polluent encore les nappes phréatiques et menacent la santé dans certaines régions. Malgré les différences entre ces deux pays, l’histoire douloureuse de l’humanité y est présente. J’en parle pour attirer votre attention sur la nécessité de faire face à des aléas de la vie. Quelle chance nous avons de vivre dans un pays démocratique et en paix, où l’éducation est accessible à toute personne qui en veut, où le gouvernement rembourse une partie des frais de santé, où nous profitons du nombre important des congés payés et des jours fériés ; le pays qui est la première destination touristique au monde en raison de la richesse de son patrimoine culturel, architectural et gastronomique ainsi que sa nature resplendissante ! Certes, nous vivons dans une époque instable où l’humanité fait face à divers défis écologiques, sociaux et économiques mais cela n’a rien avoir avec la vie d’un prisonnier de guerre ou d’un citoyen d’un pays sous-développé. En conséquence, toutes les chances se mettent de notre côté pour que nous déployions notre qualité de résilience encore plus. Même si les difficultés et la souffrance sont subjectives, la vie nous est douce par rapport au sort réservé à nos ancêtres. De plus, le progrès technologique nous a permis d’avoir plus de temps libre, de voyager d’une manière plus confortable et plus rapide, de vivre dans un village globale où les informations de qualité sont disponibles gratuitement à toute personne ayant accès à l’internet. C’est magique ! Nous avons déjà de la chance et notre devoir est d’en profiter encore plus, d’en être reconnaissants et d’affronter les difficultés avec dignité. En effet, les chanceux ne croient pas au monde de bisounours. Par ailleurs, j’ai pris du temps à lâcher cette croyance naïve et elle me hante encore de temps à autre ! Ceux qui attirent la chance ne sont pas épargnés par la vie de tout obstacle et en rencontrent autant que les autres. Par contre, ils savent en tirer profit et les transformer en opportunités. Comme les alchimistes, ils modifient les métaux vils en or ou comme les écologistes, ils recyclent les déchets pour leur donner une seconde vie. Ils développent une force, une résilience, une certitude que toute situation compliquée a une issue heureuse, que tout problème porte un germe d’une solution, que tout malheur n’est qu’un « bonheur déguisé ». Effectivement, chaque réussite, surtout celle d’un jour au lendemain :-), est précédée d’un long chemin jalonné d’obstacles et c’est grâce à nos échecs que nous devenons meilleurs donc il est utile de faire des erreurs, à condition d’en tirer des enseignements. Soyons reconnaissants pour tout ce que nous prenons pour acquis et renforçons notre muscle de résilience car tout est apprentissage et tout nous est bénéfique, tôt ou tard ! La vie n’est pas un fleuve tranquille, apprends à nager : si tu tombes dans l’eau, tu sortiras avec un grand poisson dans les dents !

Réseau

« Il ne suffit pas de dire aux gens : bonne chance ! Il faut la leur offrir. » ~ Daniel Boulanger

Enfin, les veinards sont des experts en réseautage, les ceintures noires en l’art de se faire des amis. Ils sont ouverts aux autres, ils accroissent constamment leurs compétences interpersonnelles, ils savent aller vers l’autre et le font avec joie. Ils attirent les autres par leur enthousiasme, leur bonne humeur. En effet, ce sont des véritables « aimants sociaux ». Ils diffusent les bonnes ondes, créent du lien social, remontent le moral de leurs camarades en détresse, en bref, ils réchauffent les cœurs et dégagent une joie de vie contagieuse. Les personnes infortunées, au contraire, soit s’isolent pour ruminer les idées noirs en cachette, soit elles distillent des humeurs toxiques, en exprimant leur négativité ou en pestant sur les difficultés et l’injustice de la vie. Elles ont le super-pouvoir d’anéantir toute expression d’espoir, de joie et de la bonne humeur dans un périmètre de 1 à 50 kilomètres selon leur puissance, en 5 à 20 minutes. Cette estimation n’est bien sûr pas sérieuse, par contre les résultats d’un sondage réalisé en France en 2010 le sont. En effet, les Français se disent être les champions en sport répondu dans le monde occidental : râler du matin au soir, tous les jours et sans exception, quels que soient les conditions météorologiques et l’état du trafic routier ! Nous sommes à 86% de nous citer comme les plus râleurs parmi diverses nationalités, devant les Italiens, les Américains, les Anglais et les Espagnols. Si vous avez envie d’avoir plus de chance dans votre vie, il est temps de remplacer cette habitude drainante et polluante par un comportement positif et léger : sourire, faire des compliments et dire « merci ». Vous pouvez même appliquer les 3 en même temps, soyons fous ! Et si vous avez envie de râler, merci de bien vouloir vous taire. La parole est d’argent, le silence est d’or. Personnellement, j’adore la prise de parole en public et j’aime échanger. Il m’arrive aussi de pester car c’est un excellent moyen de rentrer en contact, surtout le lundi matin, sur la route au bureau, quand nous avons rencontré un collègue qui est dans le même bateau ou plutôt le même train rempli à bord que nous… Mark Twain a dit : « Mieux vaut ne rien dire et laisser les autres penser que l’on est idiot qu’ouvrir sa bouche et enlever tout doute. » – c’est la devise que j’applique le plus souvent possible, avec des résultats pas toujours flagrants.. 🙂 Je tiens à préciser qu’il est important d’exprimer ses émotions et son mécontentement et il ne s’agit en aucun cas de faire semblant que le problème n’existe pas. Par contre, râler par habitude ou par manque de sujet de conversation intéressant devrait être passible d’amende ! Au lieu de ronchonner, célébrons nos réussites, exprimons notre gratitude, faisons-nous des compliments. Pour résumer, pour avoir plus de chance, développez vos capacités relationnelles. Il ne s’agit pas de gonfler son carnet d’adresse mais plutôt de mettre les gens en lien, partager des informations utiles, leur remonter la morale et si nous n’avons rien d’intéressant à raconter, tendre l’oreille et sourire, ça fait du bien à tout le monde !

good luck 2

Conclusion

Pour récapituler, la chance est une compétence qui se travaille et se déclenche en quelques principes simples mais pas faciles quant à l’application : être pleinement présent ici et maintenant ; écouter son ressenti ; tendre vers un rêve ou un objectif qui nous anime ; s’ouvrir à la nouveauté et explorer de nouveaux territoires de connaissance, géographiques, culturelles, linguistiques, etc. ; garder une attitude positive vis-à-vis des autres et vis-à-vis de la vie ; développer sa résilience et sa capacité de transformer les difficultés en opportunités ; élargir son réseau et devenir un porteur d’opportunités pour les autres.

Que ’est-ce que vous pouvez faire dans une heure qui suit, aujourd’hui, cette semaine, ce mois-ci pour développer votre capital chance ? Choisissez 1 à 3 actions et inscrivez-les dans vos agendas !

  • Méditer ou faire un footing, me balader pour calmer l’esprit et être plus présent ici et maintenant ;
  • Me lever plut tôt demain matin afin de profiter pleinement de la matinée et prendre mon temps en douceur au lieu de me précipiter dès le réveil ;
  • Lire un article sur l’intuition ou m’inscrire à une formation sur ce sujet passionnant ;
  • Ecrire 3 objectifs à court ou à moyen terme, dans le domaine personnel, de santé, professionnel, etc.
  • Apprendre une nouvelle langue, une nouvelle danse, partir en voyage ou simplement choisir un trajet inhabituel pour aller au travail ;
  • Lire le livre de Christine LEWICKI « J’arrête de râler » et me donner les moyens de transformer cette habitude polluante en comportement positif ;
  • Attaquer un problème qui me prend la tête ou un évènement néfaste, un échec récent avec des questions : Qu’est-ce que cela m’apprend ? Comment je peux en tirer profit ? Quelle qualité dois-je développer pour le surmonter ? Comment faire une prochaine fois pour m’en sortir vainqueur / pour que cela ne se reproduise plus ?
  • Appeler un(e) ami(e) de longue date avec qui j’ai perdu le contact ; aller à une soirée même si je n’ai pas envie (c’est comme ça que j’ai rencontré mon copain !) ;
  • Lire un livre sur la chance (exemples en bas de l’article) ;
  • Visionner la vidéo de Philippe GABILLIET sur la chance ;
  • Partager ce que j’ai appris avec une personne qui m’est chère ;
  • Autre.

Bon vent, soyez la chance que vous avez envie de voir dans le monde !

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