« Si je veux changer mon monde extérieur, je dois changer mon monde intérieur. » ~ Max Piccinini
Comment allez-vous ? 🙂
J’ai écrit le poème ci-dessous il y a quelques semaines (âmes sensibles s’abstenir !) – il voit le jour aujourd’hui, car j’avais besoin de le digérer. Je me laisse de plus en plus traverser par l’énergie des différentes émotions et je découvre des endroits en moi dont je ne suis pas particulièrement fière. En effet, nous sommes tous constitués d’une multitude d’aspects intérieurs. Nous portons tous une famille de personnages, paradoxes, conflits et polarités à l’intérieur de nous : un professionnel, un parent, un enfant blessé, un enfant joyeux et insouciant, un être irrationnel et créatif, un danseur, un partenaire, un amoureux, un guerrier, un clown, un sage, etc. Nous faisons l’expérience à la fois de la douceur et de la colère, de la tristesse et de la joie, de la peur et de la confiance. Nous naviguons sans cesse entre ces différents pôles et souvent (je parle pour moi), nous pouvons être tentés de nier ou de repousser certaines émotions. Les raisons de cette autocensure varient : peur du rejet ou du jugement des autres, envie de garder une image positive de soi, peur de la perte de contrôle, de son identité, etc.
J’ai été très longtemps incapable d’éprouver la colère, même dans les situations où elle m’aurait été utile. C’est une émotion que j’apprivoise petit à petit. En effet, elle me met en mouvement, me permet de faire valoir mes droits, faire respecter mes limites et mon territoire, me protéger. Je sens que la colère peut être créatrice, douce et juste. Et donner une puissance inouïe.
Auparavant (cela m’arrive encore aujourd’hui, rassurez-vous, il y a du boulot !), j’avais peur de ma propre puissance, car je l’associais à la violence. Mais ce lien, certes existant, n’est pas nécessaire. Maintenant, c’est l’inverse qui me paraît vrai : la personne qui se connecte à sa force intérieure authentique n’a pas besoin de la violence, car elle a beaucoup moins peur.
En parlant de la peur : les attaques terroristes à Paris m’ont bouleversée et m’ont retourné l’estomac. J’étais paniquée : j’ai éteint les lumières et je songeais à l’endroit où me cacher (dans un studio, ce n’est pas si facile, croyez-moi !). Je me suis un peu calmée par la suite (et j’ai vite rallumé les lumières, ce n’était pas bien pratique…), mais je reste observatrice et vigilante. Je fais de plus en plus confiance à mon ressenti, à mes tripes et à mes sensations physiques, y compris les émotions qui me traversent. Elles agissent comme des signaux – de confirmation quand je suis sur la bonne voie ou bien des signaux d’alerte, quand quelque chose « sonne faux ».
Enfin, je pressens que le monde extérieur reflète ce qui se passe à l’intérieur de moi. Par exemple, si j’ai de la violence en moi, elle va se manifester dans ma réalité physique. Par conséquent, si je fais un travail sur moi pour nettoyer les colères et la tristesse refoulées dans le corps (il y en a un peu, voire un peu beaucoup…), peut-être, le monde va s’adoucir aussi… Eh oui, c’est tout à fait irrationnel et prétentieux. Et il se peut que je frôle la folie. Pourtant, cela me semble juste.
En bref, ce qui fait notre humanité (entendu de la bouche d’un voisin averti, je vais le remercier de vive voix !), ce sont tous ces états émotionnels qui nous traversent. C’est la vie elle-même qui nous traverse et qui nous fait découvrir toutes les nuances de l’aventure terrestre ; y a-t-il des planètes où ils sont plus tranquilles ?! J’y vais ! 🙂
Pour conclure, nous avons tous une « petite bête enragée » à l’intérieur de nous. Ce n’est pas une forteresse gigantesque qu’il faut détruire et qui prend toute la place, il s’agit plutôt d’un minuscule animal qui fait beaucoup de bruit et qui a besoin d’être apprivoisé et aimé. Il a besoin de câlins. Au moment, où vous l’accueillez, sans vouloir le changer, il se calme et par miracle, devient la plus belle et douce créature que vous n’avez jamais vue.
Je n’ai pas envie de nourrir ou de glorifier mes aspects intérieurs en souffrance. Je ne souhaite pas m’y identifier non plus. J’apprends simplement à faire confiance à la vie : toute émotion a sa raison d’être. Et si je l’accueille et je l’exprime (de préférence d’une manière respectueuse et adaptée, ce qui ne m’est pas toujours simple !), elle part en douceur et laisse la place à la lumière, à la joie et à l’amour, qui sont, je le crois très fort, nos états naturels de base.
Je vous souhaite d’explorer vos divers aspects intérieurs et de vous connecter à la puissance et à la beauté de vos émotions, quelle que soit votre météo interne en ce moment !
Par ailleurs, passez de belles fêtes de fin d’année ! Que la douce, invincible et lumineuse force de l’amour soit avec vous ! 🙂
P.S. Si vous n’arrivez pas à concilier les voix de vos multiples aspects intérieurs, faites-vous accompagner par un professionnel.
« Seul celui qui a osé voir que l’enfer est en lui y découvrira le ciel enfoui. C’est le travail sur l’ombre, la traversée de la nuit, qui permettent la montée de l’aube. » ~ Christiane Singer
Conjugaison modulable ou une petite terroriste en moi,
en manque de câlins
Je hais les marchands
Ceintures noires, maîtres dans l’art
Des relations affectives artificielles
Le flou personnalisé des maniements
Cousus de fil blanc
D’un faux sourire bien entretenu
Je hais ces sales pigeons
Messagers du pognon
Je hais le capitalisme sauvage
Avec sa quête du profit à tout prix
Il dessèche la planète et l’homme de sa dignité
Je hais les croissants au beurre
Ils n’ont toujours pas compris
Que leur consommation doit demeurer exceptionnelle
(Surtout en cas d’hyper-cholestéro-lémie)
Je hais les mots savants
Trop longs pour rentrer dans ma tête blonde
Que je maintiens en état d’utilité publique
Par des produits chimiques chers et invasifs
Je hais ces exaltés de fanatiques : je vote pour les écureuils-fans de ski nautique
Je hais les mauvais rêves et les monstres qui se cachent sous le lit
Les insomnies ; le réveil qui sonne trop tôt ou pas assez fort
Les plannings et les retards du métro
La foule dans les gares et le changement aux Halles
Les mauvaises nouvelles et les pronostics insouciants
Qui agissent comme des somnifères
Trembler de froid ou me brûler avec de l’eau bouillante
Les beaux-hommes-déjà-pris et les couples qui s’embrassent en public
Les restes du pain rassis qu’il ne faut surtout pas jeter
Procédures, approbations et demandes d’autorisation
Ordres, ordures et ordonnances
Être pris(e) en photo en mode « cheese » ou « ouistiti »
Les caméras de surveillance et les fouilles corporelles
Courir à l’aéroport
Avec les flacons à la con de 100 millilitres maximum
Renfermés dans un sac plastique transparent
Et voir que le vol est retardé
Pour cause d’un centimètre de neige
Qui a déjà fondu
Je hais les embouteillages et les salles d’attente
Où il ne se passe rien, nada, kaput
Le Godot ne vient pas pour crier sur les toits « veni, vidi, vici »
Je hais les avis d’impositions et les gens qui s’imposent
Par leur taille ; franchement, ils exagèrent
La planète est déjà surpeuplée
Je hais la technique et les pannes d’internet
Les coupures de courant qui me font péter les plombs
Avant l’arrivée des factures
En prélèvement automatique
Je hais le soutien-gorge push-up
Qui triche sous la chemise blanc-écru
Même si on inspire à fond la caisse
Et on mange de la bonne graisse
Je hais les rimes sans élégance et les fautes d’orthographe
Le subjonctif plus-plus-plus-que-parfait
Les articles partitifs, définis, contractés et non soldés
Le passé aussi, l’arbitre l’a jugé « simple »
Il n’était pas thérapeute ce prétentieux immature
Je hais le « h » dans « Hi don’t know »
La surcharge d’activités et le rythme effréné
Ou m’ennuyer dans mon studio de 15 mètres carrés loi Carrez
Un garage bordelais rénové et bien aménagé
Je hais les e-mails-in-terminables-du-style-un-rappel-doux
Et leur message subliminal tel une caresse : « URGENT »
Je hais le contraste médiatique entre la souffrance occidentale et celle des pays « exotiques »
Et ses adjectifs bien choisis, pour façonner les esprits
Je hais les cigarettes et leur odeur qui s’incruste sous la peau
La bêtise et l’interdiction d’en faire trop
Les mots de passe dignes d’un psychopathe ivre et sous médicaments
Je hais les accidents et les catastrophes naturelles
Des réprimandes et des promesses non tenues
Bref, toute forme de résistance
Contre ma volonté de fer
Ça m’agace car j’ai toujours raison
Enfin, la plupart du temps
***
Si si, je hais aussi la haine elle-même
Et sa fille innocente « Mea culpa »
Je me fais peur, je suis dans la terreur
De me faire mal ou de nuire aux autres
J’ai besoin de partir pour me protéger
M’isoler afin de ne pas constituer un danger
Me rendre malade et ne plus rien sentir
J’ai un problème : des parts-départs
Expulsées du territoire du « moi »
Je hais par projection, le monde me tend un miroir tendre
De mes vertus et de mes vices
Si visibles chez l’autre
Si bien cachés au fond de mes viscères
***
Que nous puissions déguster la paix
Comme du petit lait tricolore
Dans nos tripes, nos tribus et nos terroirs
La France a besoin d’une franchise absolue
La terre – d’un terrain d’entente en expansion
Je commence par m’occuper
De ma tasse de thé vert jasmin
Dans le confort de mon jardin intime et cosy
Où poussent des roses resplendissantes
Où vivent les hyènes et les putois
(Ils réclament beaucoup de câlins)
Tout est OK : haïr ou aimer
Selon l’humour et le moment de la journée
L’état de fatigue et le taux d’hormones
L’âge et la prise de la cortisone
***
Prions ensemble pour descendre
De la tête au cœur
Et nous ouvrir à une simple et saine
Joie d’être en vie ; en lien
Dans la pureté de l’instant présent
Sans aucun jugement
Je bénis la naïveté du cœur
Du monde des bisounours
Couleur rose-bonbon-flashy
Avec laquelle je « hais » devient je « t’ai » en moi
Puis je « t’aime » en moi
Et je « m’aime » en toi
« Nous haïssons » se transforme
Par un acte psycho-magique
(Il y en a toujours besoin)
En « nous naissons »
Dans sa forme la plus active et collective
Nous y sommes, nous voilà
Ensemble, la la la
Happy-end kitch et sucré
(Presque indigeste)
Je vous aime grave chers amis
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